L’étoffe des rêves Lee Young-hee. Séoul-Paris – Musée Guimet
Le musée Guimet présente régulièrement des expositions dédiées au textile de très grande qualité. Le patrimoine dont il a hérité récemment lui donne l’occasion de réitérer avec une sélection de créations parmi la donation de 1 300 pièces de la collection de Lee Young-hee (1936-2018).
Considérée comme la plus grande figure de la mode coréenne, cette créatrice a puisé son inspiration principalement dans le vêtement traditionnel coréen et notamment le hanbok. La présentation se déroule en suivant son parcours créatif : depuis son grand intérêt pour les techniques traditionnelles, pour aller vers un style plus personnel puis mêler la culture européenne à ses créations.
L’exposition commence par poser le décor et les accessoires : rouleaux de tissu, bobines de fils, outils dédiés à la couture et explications sur les procédés de teinture accueillent le visiteur pour l’introduire dans l’univers de l’atelier et découvrir les objets et vêtements de la culture coréenne.
Pendant longtemps, Lee Young-hee s’est attachée à re-créer les vêtements traditionnels coréens en observant des peintures, ou à partir de vêtements conservés. Le hanbok est une tenue constituée d’une veste et d’un pantalon pour les hommes, d’une veste courte et d’une jupe pour les femmes. Il se différencie avec les costumes chinois ou japonais notamment par la forme courbe qui termine la manche.
Lee Young-hee a utilisé les techniques et matières traditionnelles pour les reproduire avec la plus grande fidélité possible. Ses recherches ont porté sur les habits de cour mais aussi sur la reproduction de vêtements d’enfants, de moines ou de paysans qui attestent tous d’une grande qualité de coupe et de détails.
Les bogaji brodés présentent également de précieux exemples de créations textiles. Ces carrés de tissu mêlent patchwork et broderie au fil d’une grande délicatesse.
Quelques pièces insolites sont présentées ici, comme le gilet et les manchettes de bambou tressé qui étaient portés par les Coréens sous leur vêtement pour éviter que celui-ci ne colle à la peau. Nous apprenons également que le coton et les couleurs neutres, notamment le blanc, étaient réservés aux moins riches alors que les couleurs vives, les matières telles que la soie et la ramie étaient destinées aux plus aisés.
Le travail de Lee Young-hee sur le hanbok contemporain permet de d’apprécier la diversité de ses talents artistiques : qualité des coupes et finitions, travail de la couleur dans des harmonies lumineuses et vives ou dans un style plus graphique, grâce à des procédés de teinture et de peinture sur tissu. Nous retrouvons aussi une grande variété d’ennoblissements qui rappellent la finesse des bogaji, l’art de l’assemblage par patchwork, la broderie au fil et le travail d’une matière texturée. La fin de l’exposition présente un ensemble de créations plus mixtes aux influences européennes et dont les lignes, matières ou décors gardent toujours une touche marquée par la culture coréenne.
Jusqu’au 9 mars 2020
Commissaire :
Sophie Makariou, présidente du MNAAG, commissaire générale – Hélène Gascuel, conservatrice des collections textiles du MNAAG